L'affaire des sardines de Noël à Mostaganem




Du poisson que le pauvre ne mangera pas

24/12/2017


Une vidéo, montrant des marins-pêcheurs en train de rejeter une grande quantité de sardines à la mer, fait le tour de la Toile actuellement en Algérie. Ce que montre cette vidéo n'est que la partie visible de l'iceberg. En haute mer le poisson Algérie est vendu en devises fortes à des pays tiers. On voit sur cette vidéo un marin-pêcheur et ses compagnons vider plusieurs casiers remplis de sardines sans état d'âme et ce pour ne pas la vendre à bas prix qui serait à la portée du consommateur. Avec une preuve pareille, les pouvoirs publics doivent ouvrir une enquête pour identifier les acteurs de ces faits inqualifiables. La rigueur de la punition à infliger à ce gâchis doit servir de leçon à de pareils comportements. Face à la flambée excessive des prix de cette «viande du pauvre», l'association pour la protection et l'orientation du consommateur l'Apoce, a lancé en mars dernier, un appel pour le boycott de la sardine. Ce produit, qui était jadis à la portée de toutes les bourses, est devenu inaccessible aux citoyens modestes. Ce n'est pas la première fois que cette association tire la sonnette d'alarme. On s'est toujours demandé sur les raisons de la flambée des prix de la sardine dans un pays qui présente 1200 km de côtes, on nous servit toutes sortes d'arguments y compris celui d'un «plancher marin insuffisant». On avait une partie de l'explication. On savait déjà que les 31 ports de pêche des wilayas côtières du pays sont entre les mains d'un lobby qui ne dit pas son nom. Ils font la transaction sur-le-champ et la marchandise, aussitôt embarquée, file vers une destination inconnue où elle est revendue en seconde main. Maintenant on a une seconde patrie de l'explication. Ce que montre cette vidéo n'est que la partie visible de l'iceberg. En haute mer, le poisson Algérie est vendu en devises fortes à des pays tiers.
Cette vidéo que les internautes attribuent vraisemblablement au port de Mostaganem, est-elle un acte isolé? Qui peut nous garantir qu'il ne s'agit pas d'un comportement habituel chez certains marins pêcheurs dans le but de garder les prix de la sardine au-delà de la barre des 500 DA. Cette vidéo nous amène à nous poser une série de questions sur ce qui se passe en haute mer pour le cas du poisson. Nous devons l'affirmer sans sourciller: il y a aujourd'hui dans notre pays une mafia de la mer. Elle contrôle le prix de la sardine et elle vend le poisson algérien à des pays au prix fort de la devise. Une vraie mafia à combattre avec la plus ferme rigueur. Autre question qui aggrave leur cas: quelles relations ont-ils avec les harraga, ne font-ils pas partie des réseaux de passeurs? C'est au service de sécurité d'éluder toutes ces interrogations qui portent atteinte à la sécurité et à l'économie nationale.

Affaire des sardines jetées à la mer : poursuites et sanctions contre les mis en cause

25/12/2017
Des poursuites seront engagées contre le mandataire de la pêcherie La Salamandre et des sanctions seront infligées contre les contrôleurs de l’Entreprise de gestion des ports et abris-pêche de la wilaya de Mostaganem, suite au tollé suscité par une vidéo montrant la destruction d’une grande quantité de sardines, a-t-on appris lundi auprès de la direction de wilaya de la pêche et des ressources halieutiques.
Selon un communiqué de cette direction, dont une copie a été remise à l’APS, le mandataire de la pêcherie La Salamandre «est responsable de la destruction illégale et injustifiée de cette quantité de sardines montrée dans cette vidéo».
Les investigations menées dimanche sur instruction du wali de Mostaganem ont montré que la production halieutique détruite était impropre à la consommation et cette vidéo a été filmée en juillet dernier, lors de la campagne de pêche de la sardine, très abondante à cette période de grandes chaleurs.
«Le mandataire concerné n’a pas pu écouler la quantité pêchée à 300 dinars le kilo. Cette situation l’a conduit à jeter à la mer les quantités invendues et devenues impropres à la consommation du fait de la chaleur et de la non-utilisation de la glace», a-t-on indiqué dans le communiqué, précisant que «les procédures règlementaires d’usage en de pareils cas n’ont pas été respectées».
Selon le même document, l’enquête a également relevé que les contrôleurs de l’Entreprise de gestion des ports et abris-pêche n’étaient pas sur les lieux, alors que leur mission était d’appliquer la loi contre ce mandataire contrevenant.
L’Entreprise de gestion des ports et abris-pêche prendra des mesures disciplinaires contre ces agents défaillants «devant cet acte irresponsable et inacceptable», a-t-on précisé.
Par ailleurs, le communiqué précise qu’à l’issue des investigations, des mesures urgentes ont été prises pour que de pareils cas ne se reproduisent plus au niveau de toutes les pêcheries. Il s’agit, entre autres, d’imposer aux mandataires l’utilisation de la glace au niveau des pêcheries et des plans d’eau pour conserver leurs produits, de contrôler rigoureusement la destruction des produits avariés et d’informer les parties intéressées sur les méthodes règlementaires de destruction des quantités de poissons impropres à la consommation.
La diffusion, jeudi dernier sur les réseaux sociaux, d’une vidéo montrant des individus jetant à la mer des quantités de poisson a suscité une vague d’indignation des internautes à cause des propos tenus dans cette capsule, selon lesquels les pêcheurs ont préféré détruire cette production pour maintenir un prix d’achat élevé au niveau de la pêcherie de Mostaganem.
Les Mostaganémois avaient considéré cet acte «lâche et inhumain».
R. N.

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