Naissance d'un géant du mareyage


En fusionnant, Mariteam et Océalliance créeraient le numéro un européen du mareyage.
L'opération est financée par la société d'investissement Perceva.
Attention : poids lourd. Si la fusion entre le bordelais Mariteam et le breton Océalliance voit le jour, ce serait la naissance d'un géant du secteur du mareyage. Une activité qui consiste à acheter la matière première aux enchères sur les criées, puis à la transformer sous forme de filets, pour la revendre à la grande distribution, aux grossistes, restaurateurs et poissonniers.
L'opération annoncée lundi en est encore au stade des négociations exclusives. Sur le papier, elle a du sens. Les deux entités sont jeunes, avec des tailles équivalentes, vendant chacune entre 16.000 et 20.000 tonnes. Mariteam est né en 2011 avec le rachat par Perceva de GS Invest. Ce petit groupe familial de poissonneries, ayant grossi très vite à coups d'acquisitions, s'était retrouvé dans une impasse financière. L'occasion pour la société d'investissement, spécialiste dans la reprise d'entreprises en difficulté, de constituer une solide base de départ sur ce métier. Deux ans plus tard, à cette galaxie de sociétés présentes sur 27 criées du littoral, Perceva a ajouté Deladoire, un important grossiste de Rungis. « Cela nous donnait un accès direct au marché parisien », précise Jean-Louis Grevet, président de Perceva.

Un groupe historique breton
Océalliance a été créé au début des années 2000 par la reprise des activités de mareyage de la famille Furic. Une dynastie du monde de la pêche, basée au Guilvinec, qui a par ailleurs revendu son armement à Intermarché et sa conserverie à Saupiquet. La famille ayant fondé une autre petite activité de conserve, La Compagnie Bretonne du Poisson.
Les deux entreprises qui projettent de se marier sont complémentaires. Océalliance, détenu par Jean-Francis Kerveillant et Christian Ronarc'h, est présent sur 19 criées, majoritairement en Bretagne et en Normandie. Mariteam est d'abord implanté depuis le Pays basque jusqu'à La Rochelle tout en ayant une activité à Boulogne sur Mer ; il a une importante activité de négoce, tandis que Océalliance est très actif dans la transformation du poisson, avec 200 personnes travaillant dans ses ateliers répartis sur les criées. Depuis des années, l'entreprise importe également de grandes quantités de langoustines du nord de l'Ecosse, grâce à une filiale d'une vingtaine de personnes. « Nous vendons d'avantage de langoustines que l'ensemble de la pêche française », assure Jean-Francis Kerveillant.

Avec un chiffre d'affaires de plus de 170 millions d'euros pour 450 personnes, le nouveau groupe ferait figure de numéro un français, et même européen. « Sachant que le littoral français est le plus important et que la France, avec l'Espagne et l'Italie, sont les plus gros marchés pour le poisson frais », explique Jean-Louis Grevet. D'autant que cette activité est encore très atomisée, avec une prédominance d'acteurs locaux, dont 70 % réalisent moins de 5 millions de chiffre d'affaires. De plus, avec la concurrence des importations étrangères et la baisse des prises en France, le secteur a souffert et vu quantité d'acteurs disparaître.
Difficulté supplémentaire, il s'agit d'une activité à faible marge, souvent pas plus de 1 %, qui exige une trésorerie importante. « Un mareyeur rémunère les pêcheurs à deux ou trois jours, mais est payé par la grande distribution à trente jours », précise Gaël Michel, secrétaire général de l'Union du mareyage français. Pour Jean-Francis Kerveillant, Océalliance a tout à gagner dans ce mariage : « Il ne s'agit pas de faire 1 + 1 = 3. Il n'y a pour le personnel aucune réorganisation à craindre. Les métiers de la transformation sont trop spécifiques et nous avons trop besoin de ces professionnels. »
Frank Niedercorn, Les Echos
Correspondant à Bordeaux

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