La chute des stocks de sardines favorise la prolifération des méduses

La chute des stocks de sardines et d'anchois favorise la prolifération des méduses

Propos recueillis par Hervé Chambonnière Si les populations d'animaux marins ont chuté de moitié en 40 ans, comme l'a annoncé, hier, une synthèse publiée par le WWF, « c'est d'abord à cause de la surpêche », analyse Philippe Cury, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement et spécialiste de la ressource en poissons. Selon lui, les répercussions du réchauffement climatique seront également « colossales ».

Cette annonce du WWF vous surprend-elle ? 
Pas du tout. De très nombreuses études convergeaient vers ce chiffre de -50 %. La plupart se limitaient cependant à une espèce étudiée. Le WWF a fait une bonne synthèse de toutes ces études. Mais ce chiffre n'est qu'une moyenne. Pour certaines espèces de requins ou de raies, par exemple, on est à -90 %, voire davantage.
 En quoi cela menace-t-il l'équilibre de la planète ?
On peut dire qu'une baisse supérieure à 50 % menace directement l'espèce concernée. Il y a un réel danger d'extinction. Mais la menace est globale car toutes les espèces sont connectées. En retirer une peut tout faire s'écrouler, comme un château de cartes.
Vous avez un exemple ?
La chute des stocks de sardines et d'anchois favorise la prolifération des méduses. Elles étaient la proie de ces poissons avant. Désormais, le rapport de forces a changé et ce sont elles qui deviennent des prédateurs. En Méditerranée, on en voit davantage. Et quand elles s'installent sur une zone, le phénomène est faiblement réversible.
Cette baisse générale constatée par le WWF serait due à la surpêche, à la pollution et au changement climatique ?
C'est uniquement ou presque le fait de la surpêche ! En Méditerranée, tous les stocks sont surexploités. C'est un quasi record mondial. En Atlantique, on constate une baisse moyenne de 70 % des stocks !
Est-il trop tard pour inverser les tendances ?
Non. Les solutions sont connues : d'abord gérer les pêcheries. Les États-Unis l'ont fait et ont retrouvé leur seuil d'abondance. Cela permet d'ailleurs aux pêcheurs de bien vivre. Deuxième solution : créer des réserves marines où la biodiversité et les stocks pourront se reconstituer. Ces espaces protégés permettent aussi de capter davantage de CO2 et donc de lutter contre le réchauffement climatique.
Ces solutions ne sont pas mises en oeuvre partout ? En France par exemple ?
La gestion des pêches en France n'est pas très rigoureuse. Elle est même inexistante en Méditerranée. C'est un peu mieux pour l'Atlantique mais la régulation intervient un peu tard. L'Union européenne a fixé des objectifs. La France doit les appliquer, mais elle ne le fait pas...
Le changement climatique a aussi des répercussions ?
Oui, elles sont différentes mais elles sont colossales. On observe que les stocks migrent de 77 km tous les dix ans vers le nord. Cela provoque déjà de grosses tensions entre pays, comme c'est le cas par exemple avec le maquereau. Cette migration vers le nord, à part quelques exceptions, ne sera pas bénéfique. Au contraire, elle va entraîner une baisse mondiale de productivité.

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La chute des stocks de sardines et d'anchois favorise la prolifération des méduses », note Philippe Cury.

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