Crise algérienne

La sardine à 800 DA!
Pollution, surexploitation, manque de professionnalisme, fourberies... tout y est.
Fini le temps où des agents de l'hygiène passaient de marché en marché pour débusquer les vendeurs fourbes de «poisson du jour» comme la sardine. Sévères, étaient-ils. En effet, au-delà de midi tapante, la sardine non vendue devait être jetée dans la benne à ordures du marché. Les contrevenants regardaient, impuissants, les agents municipaux verser sur les cageots invendus de la....javel, pour rendre impropre la marchandise proposée par ces marchands fourbes. Gare ainsi à la sardine invendue depuis l'aube du jour où elle avait été pêchée.
Ces propos révélateurs, s'il en est, viennent de la bouche d'un vieux marchand de sardines ambulant qui sillonnait «jadis», tôt le matin, la Casbah, avec son cageot sur la tête et vantant à tue-tête la qualité de sa marchandise. Celle-ci s'écoulait en un «clin d'oeil» dirions-nous vu son prix abordable et la confiance investie par les clients envers le vendeur. 
Il n'en et rien, plus rien, aujourd'hui hélas. En sus de la qualité souvent douteuse de ce poisson du «pôvre» qui parvenait, un tant soit peu, à égayer de temps à autre, la «meïda» du pauvre lambda algérien, le prix de la sardine est devenu hors de portée des petites et moyennes bourses qui elles ne peuvent s'offrir du poisson blanc à plus de 1000 DA le kilogramme. Tout juste si elles en parlent, les yeux rêveurs d'une époque où le poisson de notre Méditerranée généreuse inondait les étals des poissonneries d'Alger et de toutes les villes du littoral de Béni-Saf à El Kala en passant par Mostaganem, Tenès, Bordj El Bahri, Aïn Taya et plus à l'Est encore, Béjaïa, Jijel, Collo, Skikda...
La presse nationale, dans son ensemble s'est emparée du sujet pour dénoncer cette tendance néfaste ou pour le moins, tenter d'expliquer cette situation qui a laissé pantois, même perplexe plus d'un. Ainsi, le poisson du pauvre lambda a quitté donc la meïda depuis longtemps et, semble-t-il, pour «longtemps» encore. En effet «à 800 DA le kg, je préfère manger deux escalopes, ma femme et moi» s'écriait un potentiel acheteur sans enfants horrifié par les prix pratiqués. Combien de fois 800 DA devrait donc débourser le père d'une famille nombreuse pour satisfaire l'envie de ses enfants? S'interrogeait-il en maugréant contre la hausse vertigineuse de tous les prix de détail et devant l'inattention affichée des pouvoirs publics contre la vie chère qui ronge le budget, déjà maigre, des citoyens.
Faudrait-il un nouvel Octobre pour réguler la situation? Les commentaires fusent pour dénoncer la hausse incontrôlable des denrées alimentaires dans leur ensemble: légumes secs, semoules et pâtes, produits laitiers, fruits et légumes...aucun article n'y échappe, tout y passe...le «ras-le-bol» y résistera-t-il indéfiniment?
Rien ne l'assure plus. Certains n'hésitent pas à évoquer les séismes récurrents qui ont été enregistrés ces derniers temps et dont l'épicentre se situe au large des côtes algériennes. D'autres dénoncent (à juste titre) les déchets toxiques charriés par les oueds vers lesquels sont déversés toutes sortes de détritus nocifs à la faune maritime, particulièrement la sardine qui est plus vulnérable aux agressions polluantes des usines dépourvues de stations dépuration comme l'exige d'ailleurs la loi sur l'environnement. La surexploitation est mise à l'index par d'autres acteurs du secteur, patrons sardiniers, marins pêcheurs, manutentionnaires des ports et acheteurs et vendeurs des cargaisons poissonnières.
 Ceci expliquant cela, ils préviennent tous que, contrairement aux autres poissons, migrateurs en majorité, la sardine est un poisson relativement sédentaire. A cela, s'ajoutent les courants marins dont la force ne sied pas à cette espèce. «Sa pêche doit être réglementée et les zones où elle se reproduit préservées pour assurer un approvisionnement permanent et régulier sur le marché» a pour sa part estimé, le président de la Chambre de la pêche et de l'aquaculture, Djamel Khemidja. Ce dernier cite le manque de sardiniers en disant que «notre flottille actuelle est archaïque et ne répond pas aux normes modernes». La plupart des pêcheurs a acquis ses barques par le biais de l'Ansej ajoute-t-il et de souligner que «ce sont de petites quantités qui sont mises sur le marché, d'où le prix prohibitif». Les pêcheurs exigent également une pêcherie avec toutes les commodités, d'autant plus que leurs patrons payent la somme conséquente d'un million de dinars/an pour les droits d'accostage, de pêche, d'assurance et autres frais. in L’Expressiondz.com  Par Abdelkrim AMARNI - Jeudi 02 Avril 2015

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