Sardines tunisiennes et démocratie

Les sardines, les « sans-dents », le chef du gouvernement et… Steinbeck

Lors de son tout dernier entretien télévisé, le chef de gouvernement tunisien Elyes Fakhfakh, agacé par le propos de la journaliste mettant en avant les insuffisances de certains centres d’hébergement de quarantaine Covid-19, lui rétorqua qu’on devait réviser nos exigences en termes de confort et apprendre à « ouvrir une boîte de sardines avec les dents ». Etrange exemple qui dénote de l’improvisation du moment, tant il paraît pour le moins incongru de parvenir à ouvrir une boîte métallique avec ses dents, même avec toute la bonne volonté du monde et les efforts dictés par l’indigence la plus extrême…
La référence à ce poisson a éveillé en moi le souvenir d’un mouvement contestataire italien éponyme, celui des Sardines,( …)dont les membres se rassemblent sur les places publiques pour dénoncer le populisme de l’extrême-droite, essaiment dans tout le pays mais aussi internationalement, une manifestation de « sardines Atlantique » ayant même été recensée à New-York.…/…
Ces sardines-là ne peuvent faire qu’œuvre politique, au sens de la « démocratie sauvage », celle de la plèbe qui se transforme par cet ensauvagement d’animallaborans, pour paraphraser Arendt, en zoonpolitikon (pour utiliser l’expression d’Aristote, mais en un sens éminemment hétérodoxe, on l’aura compris). Ces sardines-là, foncièrement non calibrées, elles que l’ancien Président français Hollande appelait avec mépris les « sans-dents » (on mesure dès lors à quel point il est difficile d’ouvrir la boîte qui nous emprisonne lorsque l’on est ainsi édenté), essaient de ramener la marge au centre dès lors que le centre ne vient jamais à elles. Il devient urgent de les prendre au sérieux et de cesser… de noyer le poisson.
( in nawaat.org 2020/21/04)

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