Coronavirus : l’arrêt forcé de la pêche permettra-t-il aux océans de se repeupler en poissons ?
L'arrêt de la pêche a donné un répit aux poissons, mais il
sera de trop courte durée pour avoir un impact sur les stocks en leur
permettant de se reproduire.
runo Parmentier : Il est sûr que ce brusque répit
profite aux poissons, qui doivent apprécier ce virus à sa juste valeur !
FranceAgriMer estime que, vu la chute de la demande et les craintes de
la contamination sur les bateaux, les pêcheurs français ont réduit par
cinq les quantités pêchées : 612 tonnes pour 146 navires dans la semaine
du 23 au 29 mars, contre autour de 3 000 tonnes et 500 navires
d’habitude. Les pêcheurs sont carrément sinistrés, ainsi que les
poissonniers, mais ce sont 2 400 tonnes de poisson qui ont eu la vie
sauve !
Malheureusement ce petit et bref répit ne sera aucunement suffisant
pour repeupler les mers, car c’est bien de cela qu’il s’agit, à l’heure
ou pollution, surpêche et réchauffement climatique vident littéralement
nos mers, rivières et lacs…
En seulement 70 ans, la consommation de poissons annuelle des Français est passée de 9 à 35 kg par habitant. Dans nombre d’autres pays également. Ça n’a pas été sans conséquence.
Aujourd’hui, on estime que 29 % des 600 espèces de poissons et crustacés sont en passe de s’éteindre, dont le cabillaud, la morue du Canada, le saumon sauvage de l’Atlantique, le thon rouge, la sole, etc. et que 90 % de la population des grands poissons a déjà disparu.
Or le repeuplement est une œuvre de longue haleine, car par exemple il faut 3 à 5 ans pour qu’un bar, un cabillaud, une dorade, une limande, un maquereau ou un merlan atteigne la maturité sexuelle, et ils ne pondent qu’une fois par an. Et quand on est descendu trop bas, c’est trop tard pour agir. …/…
…/… En 1945, on a pêché jusqu’à 235 000 tonnes de sardines au large de Monterey, Californie, faisant tourner les 30 conserveries qui avaient transformé cette ville en capitale mondiale de la sardine, et fournisseur important et stratégique des soldats américains de la 2e guerre mondiale… Cette activité a subitement et définitivement disparue : les prises de 1948 ont à peine atteint 15 000 tonnes. Les sardines ne sont jamais revenues et il y a longtemps qu’il n’y a plus de conserverie dans cette ville, qui s’est transformée, mais un peu tard, en centre d’une zone de protection maritime ! Les sardines, comme les anchois ont une espérance de vie courte (4 ans), et on ne trouve donc pas de vieux géniteurs plus féconds, et leurs larves sont très sensibles aux conditions du milieu (température, acidité, courants, etc.) ; donc dans leur cas les disparitions peuvent être définitives. On a ainsi bien faille perdre les anchois du Golfe de Gascogne, qu’on a pu néanmoins sauver in extremis par une interdiction totale de la pêche durant 4 ans, de 2006 à 2010.
Le saumon était tellement abondant dans les rivières françaises il y a un siècle que certains règlement intérieurs d’entreprises précisaient qu’il était interdit d’en servir à la cantine plus de 3 fois par semaine ! Malgré l’apparition des élevages industriels de ces poissons, on n’est pas prêt de relire cela dans la littérature contractuelle !
Donc, un petit répit de quelques semaines, dramatique pour les pêcheurs, est toujours bon à prendre pour les poissons d’aujourd’hui, mais il faudrait qu’il dure plusieurs années pour qu’il annule réellement la menace de disparition pure et simple des poissons dans la mer au XXIe siècle…
in Atlantico : https://www.atlantico.fr/rdv/3588750/coronavirus--l-arret-force-de-la-peche-permettra-t-il-aux-oceans-de-se-repeupler-en-poissons--bruno-parmentier
En seulement 70 ans, la consommation de poissons annuelle des Français est passée de 9 à 35 kg par habitant. Dans nombre d’autres pays également. Ça n’a pas été sans conséquence.
Aujourd’hui, on estime que 29 % des 600 espèces de poissons et crustacés sont en passe de s’éteindre, dont le cabillaud, la morue du Canada, le saumon sauvage de l’Atlantique, le thon rouge, la sole, etc. et que 90 % de la population des grands poissons a déjà disparu.
Or le repeuplement est une œuvre de longue haleine, car par exemple il faut 3 à 5 ans pour qu’un bar, un cabillaud, une dorade, une limande, un maquereau ou un merlan atteigne la maturité sexuelle, et ils ne pondent qu’une fois par an. Et quand on est descendu trop bas, c’est trop tard pour agir. …/…
…/… En 1945, on a pêché jusqu’à 235 000 tonnes de sardines au large de Monterey, Californie, faisant tourner les 30 conserveries qui avaient transformé cette ville en capitale mondiale de la sardine, et fournisseur important et stratégique des soldats américains de la 2e guerre mondiale… Cette activité a subitement et définitivement disparue : les prises de 1948 ont à peine atteint 15 000 tonnes. Les sardines ne sont jamais revenues et il y a longtemps qu’il n’y a plus de conserverie dans cette ville, qui s’est transformée, mais un peu tard, en centre d’une zone de protection maritime ! Les sardines, comme les anchois ont une espérance de vie courte (4 ans), et on ne trouve donc pas de vieux géniteurs plus féconds, et leurs larves sont très sensibles aux conditions du milieu (température, acidité, courants, etc.) ; donc dans leur cas les disparitions peuvent être définitives. On a ainsi bien faille perdre les anchois du Golfe de Gascogne, qu’on a pu néanmoins sauver in extremis par une interdiction totale de la pêche durant 4 ans, de 2006 à 2010.
Le saumon était tellement abondant dans les rivières françaises il y a un siècle que certains règlement intérieurs d’entreprises précisaient qu’il était interdit d’en servir à la cantine plus de 3 fois par semaine ! Malgré l’apparition des élevages industriels de ces poissons, on n’est pas prêt de relire cela dans la littérature contractuelle !
Donc, un petit répit de quelques semaines, dramatique pour les pêcheurs, est toujours bon à prendre pour les poissons d’aujourd’hui, mais il faudrait qu’il dure plusieurs années pour qu’il annule réellement la menace de disparition pure et simple des poissons dans la mer au XXIe siècle…
in Atlantico : https://www.atlantico.fr/rdv/3588750/coronavirus--l-arret-force-de-la-peche-permettra-t-il-aux-oceans-de-se-repeupler-en-poissons--bruno-parmentier
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