« Confessions d’une sardines sans tête », de Guy Alexandre Sounda
publié par Joss Doszen mardi 16 août 2016 in AgoraVox
"Dans cette ville chacun cache ses emmerdes comme il peut et arbore ses joies comme il se doit, seul compte le bonheur avec toutes ses odeurs. Le déboire effraie."
J’ai eu l’occasion de croiser l’auteur, Guy Alexandre Sounda, qui nous propose ses "Confessions d’une sardine sans tête", Joli titre en passant, en 2010, quand dans ma période de boulimie théâtrale je squattais toutes les salles sombres - pas chères - de Paris. Il jouait, en seul-sur-scène, son texte "Le fantôme du quai d’en face", et j’avais beaucoup aimé le spectacle. J’étais donc assez curieux de voir ce qu’un bon comédien pouvait donner quand il se glissait dans la peau d’un romancier.
J’entre donc dans ce récit avec une - très - légère appréhension car les romans écrits par des hommes de théâtre ne sont jamais neutres, ont souvent de très forts parti-pris stylistiques qui peuvent vous désorienter. Perso, j’aime ça, mais un choix de style puissant c’est aussi synonyme de quitte ou double. Disons le déjà, le voyage dans le crâne de Guy Alexandre Sounda m’a transporté !
« Je hais ce passé-là : il abonde de creux gadouilleux où je risque de sombrer chaque fois que je m’y promène. Je préfère mon présent, même si pour le moment il n’est attifé que de défroques, au moins je peux le saisir, le clouer au mur, le regarder de près, lui sommer de se magner les fesses et lui casser la gueule en cas de refus. Tandis que ce passé-là... Impossible de le changer ni de le défaire. »
Le récit repose sur le monologue réminiscent de Mortimer Bartoza. Manifestement blessé psychologique de guerre, d’une de ses guerres sanglantes d’un lugubre pays africain adepte d’auto-violence. Dans un moment d’explosion psychologique, enfermé dans une espèce de centre de "tri", où un "écouteur", personne commise pour prendre note de ses souvenirs, à la manière du personnage de Emmanuel Goujon dans son super roman "L’imperméable" (éditions Vents D’ailleurs, 2011), et nous sert de passeur dans l’embarcation qui, en zig-zag chronologique hors logique, nous ballade des rues pétaradantes à l’arme lourde du Gombolo, pays imaginaire d’Afrique Centrale, aux couches multiples des ladies qui croisent, à leurs risques et périls, la vie de l’immigré éclopé qu’est devenu Mortimer Batoza dans les rues occidentales.
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