Nos amis les harengs n'ont pas les mêmes manières…


Le hareng a le pet social Vous êtes au bord de la mer avec vos enfants. Le moment est venu de leur faire découvrir les mystères de la vie marine. Commencez par le hareng. Votre progéniture sait-elle que le hareng est le seul poisson qui pète ? Non, et pour cause : cette découverte est récente.
La chose a été dévoilée en début d'année dans les Biology Letters de la Royal Society britannique sous le titre : «Les harengs de l'Atlantique et du Pacifique produisent des sons explosifs pulsés.» C'est là une traduction approximative, mais elle dit bien la prudence de l'expression scientifique. Car, en aucun cas, les Biology Letters n'auraient publié une communication titrée «Les harengs pètent» («Herrings fart» en VO), même si c'est exactement ce qui se produit.
Le hareng, apprend-on dans cet article cosigné par trois chercheurs canadiens, émet des trains de bulles par son anus et ça fait du bruit. Ces émissions, qui se produisent surtout la nuit, durent entre une demi-seconde et sept secondes et demi, ce qui fait très long pour un pet. Le phénomène est indépendant du régime alimentaire du poisson, ont constaté les chercheurs. Il ne s'agit pas pour le hareng de se soulager de gaz intestinaux. «La fonction de ces sons est inconnue, mais comme leur fréquence s'accroît avec la densité de poissons réunis, un rôle de médiation sociale apparaît probable», énonce l'article. Traduisons : les harengs pètent pour communiquer. «Comment ça va ?» dit l'un. «Couci-couça prout», répond l'autre.
Déjà les chercheurs s'inquiètent. La pollution sonore sous-marine (sonars, bruits d'hélice...) ne risque-t-elle pas d'empêcher les harengs de s'entendre ? Et si ces poissons ne s'entendaient plus péter, qu'adviendrait-il de l'espèce ? Remarquablement attentifs jusque-là, vos enfants vous supplient désormais : on veut un poisson péteur ! C'est là une autre menace qui pèse sur l'espèce.
Edouard LAUNET

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