Repéré sur Science et Fish and fisheries par Lucie de la Héronnière in Slate 04.08.2014 - 14 h 04
Maquereaux, sardines, anchois, harengs… Ces petits poissons gras sont riches en oméga-3, en vitamine D, et… leur pêche émet beaucoup moins de gaz à effet de serre que celle d’autres produits de la mer.
Robert Parker, doctorant étudiant l’industrie de la pêche en Tasmanie, et Peter Tyedmers, économiste à Halifax, ont compilé et analysé 1.600 rapports sur la consommation de carburant de flottes de pêche du monde entier, de 1990 à aujourd’hui.
L’étude, publiée dans Fish and Fisheries et commentée par Science, traite uniquement de l’énergie utilisée pour capturer les poissons et les ramener au port, pas pour la transformation ou pour amener ensuite les produits vers les consommateurs (mais il s'agit de plus petites proportions de carburant) et n’aborde pas non plus les autres impacts environnementaux de la pêche, comme la destruction d’habitats ou d’espèces.
En résumé, la pêche des petits poissons est «parmi les formes des production de protéines les plus économes en énergie», et l’utilisation de carburant varie sur plusieurs ordres de grandeur vraiment très différents selon les espèces.
Ainsi, pour pêcher une tonne de sardines, il faut en moyenne 71 litres de carburant. Selon Science, «les abondants petits poissons de ce genre ont tendance à être près de la côte, et c’est un travail assez rapide de les encercler avec un énorme filet. Le hareng islandais et l’anchois péruvien sont les pêches industrielles les moins gourmandes, avec seulement 8 litres de carburant pas tonne de poissons».
A l’autre extrême, on trouve les crevettes et les homards: il faut en moyenne 2.923 litres de carburant pour une tonne. «Bien qu’il ne faille que 783 litres pour attraper une tonne de homards du Maine, les crevettes tigrées asiatiques d’Australie nécessitent 7.000 litres de carburant par tonne en 2010, et le homard norvégien de la mer du Nord nécessite près de 17.000 litres», note Science. Pour attraper ces deux espèces, de petite taille et relativement rares, les bateaux doivent tirer des filets fins sur de longues distances.
Entre les deux, il y a par exemple les coquilles saint-jacques (525 litres par tonne), le saumon d’Amérique du Nord (886 litres par tonne), ou encore la sole (2.827 litres par tonne). En moyenne, cela équivaut à une consommation de 639 litres par tonne.
Le site de l’Ifremer confirme ces quantités très, très variables pour le cas de la France aussi:
«La consommation de carburant s’élève en moyenne à 0,5 litre par kg de poisson pêché (donc 500 litres par tonne de poisson pêché, NDLR). Cette moyenne cache une très grande disparité en fonction des espèces pêchées et des engins utilisés.»
Ces différences sont liées à de nombreux facteurs, comme l’éloignement des lieux de pêche, la profondeur, la taille et le genre des bateaux, les techniques utilisées, la vitesse ou encore les stocks disponibles, car toujours selon l’Ifremer, «les ressources exploitées par les pêcheries françaises présentent, pour une part importante d’entre elles, des stocks faibles. Si le stock est réduit, la densité d’animaux est plus faible, le pêcheur doit alors maintenir son action de pêche sur une plus grande distance et donc consommer plus d’énergie».
Ces coûts écologiques et financiers se réduisent tout de même un peu depuis le début du XXIe siècle, selon l'étude. Cela passe par une multitude de façons de faire à modifier, comme par exemple réduire la vitesse, «optimiser les engins de pêche», «réduire la dépendance des navires de pêche au gazole», ou encore «améliorer l’hydrodynamisme des coques de bateaux».
bbq sardines/ Paul Joseph via Flickr CCLicence By
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