Quand on confine et qu'on exige des gestes barrières, c'est pour éviter ce qui se passe à Safi…
"Une ville de 300.000 habitants mise en quarantaine. Les accès à la
ville de Safi sont fermés depuis l’apparition, le 2 juillet 2020, d’un
foyer énorme de contamination dans une usine de conserverie de sardines,
appartenant au groupe Unimer de la famille Alj.
Le virus avait déjà fait ses ravages sans crier gare. Tout allait
bien, d’après les résultats des rapports des commissions de la
préfecture désignées par le comité de veille pour surveiller, entre
autres, les usines de conserverie de sardines qui font la notoriété de
la ville. Quand on a découvert par centaines des ouvrières contaminées.
Ces dernières avaient déjà porté le virus chez elles. Longtemps épargnée
par les plans de confinement, la nonchalance et l’irresponsabilité des
usines de sardines en ont fait une ville fantôme où il ne faut surtout
pas s’y approcher. Ce qui s’est réellement passé, c’est que le
coronavirus et le confinement de plusieurs villes importatrices de
sardines safiotes, comme Casablanca, premier marché de destination des
conserves de sardines, a créé une surabondance de ce poisson tant prisé
au Maroc comme à l’étranger.
Une ville fantôme
La conséquence est que les prix au kilo ont drastiquement chuté, passant
de 3 dirhams à 50 centimes. Cette surabondance signifiait, pour les
propriétaires de ces usines, une surproduction. A Safi, il y a 11 usines
de conserverie de sardines. Chaque usine a engagé de nouvelles
ouvrières intermittentes (90% des employés de ces usines sont des
femmes), variant entre 100 et 300 par usine. Les mesures de prévention
sanitaires étaient le dernier souci de ces opérateurs. Le contrôle des
autorités locales et des commissions de la préfecture a conclu qu’il n’y
a rien qui inquiète.
Sachant que le cahier des charges relatif notamment à la
distanciation physique et à la réduction de moitié du personnel n’a pas
été respecté, pire encore, le nombre des employées a été doublé. A
l’intérieur de ces usines, l’on a interdit même aux employées de porter
leurs téléphones portables de peur qu’elles filment ce qui se passait à
l’intérieur. Puis, d’un coup, le drame s’est produit. Voilà donc le
résultat de l’exploitation intensive de ces usines tolérées par les
autorités locales. La section de l’OMDH à Safi et différents acteurs
associatifs ont dénoncé cette situation et avaient tiré la sonnette
d’alarme un peu tôt, mais sans succès.
Le comble, c’est que le ministère de la Santé, malgré le nombre élevé
des contaminations, n’a pas daigné doter la ville d’unités mobiles
Covid-19 et rouvrir les dispensaires fermés de la ville pour faire face à
cette situation et séparer les malades du coronavirus et les autres
malades qui affluent sur l’hôpital Mohammed V."