Les sardines migrent vers le nord
Le réchauffement des mers incite sardines, anchois et maquereaux à remonter vers des eaux plus fraiches au nord, révèle un suivi de ces espèces sur quarante ans.
RECHAUFFEMENT.
Après une pause, entre 2000 et 2013, la hausse des températures des mers et océans s’est accentuée en 2014. Elle a été plus importante dans le Pacifique l’année dernière mais sur les trente dernières années, c’est l’Atlantique nord qui s’est le plus réchauffé, avec une augmentation de la température moyenne de 1,3°C. Ces variations affectent directement la répartition de certains poissons révèle une vaste étude publiée dans la revue Global Change Biology.
La mer du Nord se « subtropicalise »
Le travail mené par des scientifiques de l’université de Barcelone repose sur l’analyse des stocks de poissons autour de l'Europe. Elle porte plus particulièrement sur un groupe de poissons pélagiques qui comprend la sardine (Sardina pilchardus), l'anchois (Engraulis encrasicolus), le chinchard (Trachurus trachurus) et le maquereau (Scomber scombrus). Les chercheurs ont analysé 57.000 recensements de poissons réalisés le long du plateau continental européen par des pêcheurs professionnels. Et ils se sont focalisés sur la mer du Nord.
BIOINDICATEUR.
Les résultats révèlent que les sardines et d’autres poissons avec des cycles de vie rapide sont très vulnérables aux changements de température des océans. Ils représentent donc "un bioindicateur exceptionnel pour mesurer la direction et la vitesse du changement climatique prévu dans un avenir proche", souligne Ignasi Montero-Serra, de l'université de Barcelone. A cause du réchauffement, sardines et anchois qui ont habituellement une distribution subtropicale, ont renforcé leur présence en mer du Nord et s’aventurent maintenant dans la Baltique. "Les espèces en mer du Nord et dans la Baltique sont de plus en plus subtropicales", souligne le scientifique.
Selon les chercheurs, les changements affectant un groupe écologique de cette importance "auront un effet sur la structure et le fonctionnement de l'ensemble de l'écosystème". En effet, ces poissons se nourrissent de plancton et servent de pâture à des prédateurs plus grands. Un changement de répartition des populations de sardines influera donc sur d’autres maillons de la chaîne alimentaire. Jusqu’à l’homme insiste Ignasi Montero-Serra : "les villes côtières qui sont fortement tributaires de ces ressources halieutiques doivent s’adapter aux nouveaux contextes écologiques et aux conséquences possibles de ces changements, même si leur ampleur reste encore difficile à prévoir".
Par Joël Ignasse Publié le 20-02-2015 à 09h06 in Sciences et Avenir
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