ENTRETIEN. En quête d’histoires : quand les sardines fraîches volaient de Nantes vers Paris, Metz, Dijon…
Des sardines qui volent ? Oui, en provenance de La Turballe. Le Nantais Henri Matile fut l’un des pionniers de cette création aussi innovante qu’éphémère. Son arrière-petit-fils nous raconte cette épopée insolite en 1935 et 1936.
Presse Océan : en quoi consistaient les « Sardines volantes » ?
Frédéric Matile : « Les Sardines volantes, surnom donné par la presse, ont été créées en 1935 dans le but de livrer des sardines fraîches dans tout l’Hexagone. Elles permettaient de trouver un « débouché » aux problèmes des ports de La Turballe et du Croisic en pleine crise économique. La pêche ne s’écoulait pas et ils en arrivaient à rejeter leurs poissons. C’est la première fois que des denrées alimentaires fraîches étaient livrées par avion à partir de la région. À chaque décollage et atterrissage dans les villes de Province, on venait voir les pilotes tels des héros. Chaque journal régional publiait un article à chaque arrivée ».
Qui était le créateur de ce projet ?
« L’idée part du syndicat d’initiative de La Turballe et du
pilote René Marchesseau. Ils entendent développer un transport aérien
afin de livrer de la sardine fraîche à Paris et dans d’autres villes.
Outre l’appui du gouvernement et des élus locaux, ils cherchent des
investisseurs. Trois industriels nantais y répondent, dont mon
arrière-grand-père Henri Matile, directeur de la société des Grands
Garages, 20, rue Racine. Il va créer la CNNA (Compagnie nantaise de
navigation aérienne) avec son ami René Poisson, président de l’Aéro-Club
de l’Atlantique, administrateur technique, ainsi que M. Méon,
administrateur commercial. Henri Matile en était le président et le
porte-parole. Même si les bénéfices ne sont pas au rendez-vous en 1935,
il retient la satisfaction de voir l’engouement des Turballais et des
touristes qui se ruent afin d’assister à l’arrivée des bateaux, au
traitement via les camions, la benne basculante
remplie de glace ».
Le maire de La Turballe se félicite que les touristes revigorent le commerce local ».
« Un terrain d’atterrissage fut construit mais celui-ci, trop court, ne convient pas. En attendant la fin des travaux, le pilote René Marchesseau décide de décoller de La Baule-Escoublac en août 1935. La Compagnie détiendra jusqu’à cinq appareils. Elle achètera une vedette pour aller chercher le poisson en mer et gagner du temps. L’objectif initial était de livrer 300 000 sardines par jour, soit 12 tonnes pour 1935. Sur les années 1935 et 1936, 60 tonnes ont été livrées ».
Pourquoi cette expérience ne dure-t-elle que deux ans ?
« Plusieurs causes entrent en jeu : une mauvaise année de pêche, des conflits entre pêcheurs et usiniers entraînant des grèves et le début des transports frigorifiques par la route. La rentabilité est difficile en dehors des saisons de pêche, même si un article fait état d’un atterrissage en urgence à Montoir, en août 1936, avec 400 kg de raisin à bord, lors d’une liaison Limoges-La Baule ».
in Ouest-France ICI
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