Italie : des dizaines de milliers de « sardines » manifestent à Rome, contre le discours « de haine » de Matteo Salvini
Le mouvement, apparu il y a un mois, a rassemblé depuis près de
300 000 personnes, qui ont rempli des places, « serrées comme dans une
boîte », à Rome, Milan, Florence, Naples ou Palerme.
Elles étaient « serrées comme dans une boîte ». Plusieurs dizaines de milliers de « sardines », comme se surnomment les partisans d’un tout jeune mouvement antifasciste italien, se sont rassemblées, samedi 14 décembre, sur une des plus grandes places de Rome, devant la basilique Saint-Jean de Latran.
« L’idée était de remplir la place (…) et l’objectif semble atteint »,
se sont réjouis les organisateurs. Sur Facebook, où est né le mouvement
voilà un mois, quelque 100 000 personnes s’étaient inscrites pour
participer à ce rassemblement, dont l’objectif affiché est de dénoncer
le discours « de haine et de division » de Matteo Salvini, ex-numéro deux du gouvernement et chef du parti d’extrême droite la Ligue.
« La première révolution piscicole de l’histoire »
Le
mouvement des « sardines » est apparu le 14 novembre à Bologne, en
marge d’un meeting de Matteo Salvini dans la ville étudiante. Quatre
inconnus organisent alors sur les réseaux sociaux une
contre-manifestation, dont le slogan initial a pourtant tout d’une
boutade : « Pas de drapeau, pas de parti, pas d’insulte. Créez votre
propre sardine et participez à la première révolution piscicole de
l’histoire. » Contre toute attente, l’événement rassemble quelque 15 000 personnes.
Depuis, des dizaines de manifestations, rythmées par le chant des résistants Bella Ciao,
ont eu lieu dans tout le pays. Elles ont rassemblé au total 300 000
personnes, à Milan, Florence, Naples ou encore Palerme. L’idée est de « faire émerger une nouvelle énergie à travers une forme bien plus libre et spontanée » qu’un parti, en se dotant d’une organisation « qui ne sera pas hiérarchique » mais fixera de « grandes orientations », a souligné vendredi Mattia Santori, 32 ans, chercheur en économie et coach sportif bénévole dans des associations.
« Nous
courons un risque, croire que les sardines soient la solution à tous
les maux. Mais les sardines n’existent pas, ce sont des personnes qui
remplissent l’espace public avec leurs idées et voient un ennemi, la
pensée unique simplifiée du populisme », a lancé samedi à la foule Mattia Santori.
#Romanonsilega #Sardine #RomaNonAbbocca https://t.co/GXkfOryeh0— SardineDiRoma (@Sardine di Roma)
Reste que les « sardines » ont commencé à
lister un certain nombre de revendications adressées au monde
politique. Parmi elles, le fait que « les ministres communiquent uniquement à travers les moyens institutionnels » – une allusion directe aux fréquentes transmissions en direct de Matteo Salvini sur Facebook. Le mouvement demande aussi que « la violence verbale soit considérée comme la violence physique » par les législateurs, a ajouté Mattia Santori.
« Nous ferons notre possible pour mettre en œuvre vos propositions »,
a réagi samedi Nicola Zingaretti, le secrétaire du Parti démocrate
(centre gauche) au pouvoir avec le Mouvement 5 Etoiles (M5S,
antisystème). Virginia Raggi, la maire de Rome, a quant à elle remercié
les sardines « pour l’énergie apportée dans notre ville ».
Sur la place, la foule a chanté de nouveau avec un bel entrain aussi bien Bella Ciao,
le plus célèbre chant des partisans italiens antifascistes, que l’hymne
national, et écouté avec ferveur la lecture de morceaux choisis de la
Constitution. Le prochain objectif des sardines : gagner les petites
villes et « territoires fragiles », susceptible de céder aux sirènes « des idées simplistes et du populisme ».
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