Le Bien Public 24 février 2016


Tiny Book Packaged in a Sardines Tin

La designer Nina Cornelison a imaginé un superbe packaging pour rendre hommage au livre d’Ernest Hemingway : The Old Man and the Sea. En restant dans le thème maritime, elle a conçu une boîte pour protéger le livre, qui imite la forme d’une boîte à sardines. Elle s’est inspirée d’un design vintage et minimaliste qui reprend les couleurs de Cuba, lieu dans lequel se déroule l’intrigue.
Donnia in Fubiz
 

Coup de gueule de Sea Shepherd

Sea Shepherd dénonce la mutilation d'un dauphin en Bretagne

Un dauphin gravement mutilé a été découvert sur une plage de la baie de Douarnenez. L'ONG Sea Shepherd accuse les pêcheurs de sardines et rappelle que tous les dauphins sont strictement protégés en France.
Par Morgane Kergoat Publié le 24-02-2016 in Sciences et Avenir
COUP DE GUEULE. C'est une macabre découverte qu'a faite un riverain de Kerlaz, dans la baie de Douarnenez (Finistère) lundi 23 février 2016 vers 18h. Selon le quotidien Ouest France, l'homme promenait son chien sur la plage de Trezmalaouen lorsqu'il est tombé sur le cadavre atrocement mutilé d'un dauphin. Le cétacé est en effet dépecé sur toute la longueur du dos à partir d'une coupe franche réalisée derrière la tête et jusqu'à la queue, qui a été sectionnée. "Il a dû être pris dans un filet", suppose le témoin qui a aussitôt alerté le centre Océanopolis de Brest. Mais un filet ne saurait être responsable des horribles blessures de l'animal. "Les pêcheurs 'se sont taillés un steak' dans le cadavre", dénonce Sea Shepherd sur sa page Facebook. Et l'ONG de rappeler que "les dauphins sont strictement protégés et les captures accidentelles sont censées être répertoriées et les victimes des filets doivent être ramenées à quai".
"Une honte pour les pêcheurs"
En effet, d'après l'Arrêté du 1er juillet 2011 : "À partir du 1er janvier 2012 et à des fins de connaissance, tout spécimen de cétacé ou de pinnipède capturé accidentellement dans un engin de pêche doit faire l'objet d'une déclaration dès lors qu'un organisme a été désigné par les administrations compétentes dans le but de contribuer aux programmes de recherches scientifiques conduits sur les mammifères marins" (article 4). 
Dans son post, Sea Shepherd pointe du doigt le manquement à cet arrêté par des pêcheurs de sardines (dont le navire est appelé bolincheur) : "Des informations (invérifiables jusqu'ici) nous parviennent depuis un moment sur certains bolincheurs, qui ont pour pratique, non seulement de ne pas amener à quai les dauphins qu'ils capturent dans leurs filets, mais en plus de profiter de ces captures pour en faire un festin avant de couler les cadavres au fond de l'eau. Les pêcheurs en question ont toujours nié cette pratique. Cette fois, le cadavre mutilé du petit dauphin apporte la preuve que ce genre de pratique a bien lieu en France. Les pêcheurs concernés sont une honte pour la profession."
 
SIGNALEMENT. Par ailleurs, tout mammifère marin échoué (mort ou vivant) doit être signalé à l'Observatoire Pélagis (téléphone : 05.46.44.99.10, 7 jours/7), qui participe au Réseau National d'Échouage (RNE), coordonné par le Centre de recherche sur les mammifères marins (CRMM). Les scientifiques référencent ainsi les mammifères marins découverts après échouage. Ils procèdent à l'identification précise des espèces observées et effectuent des relevés biométriques. Ils réalisent également des prélèvements de tissus et d’organes pouvant étayer différents travaux d’étude portant notamment sur la génétique, le régime alimentaire, les polluants organiques persistants, les métaux lourds, la virologie, la bactériologie… Parfois ces données permettent d'établir les circonstances de la mort de l'animal. Mais dans d'autres cas, il faut avoir recours à une autopsie.

L'europe et la surpêche en Méditerranée


12 février 2016

La surpêche épuise la Méditerranée

Bruxelles propose des mesures pour enrayer le déclin des populations de poissons

Le diagnostic de la Commission européenne sur les populations de poissons en Méditerranée ne laisse planer aucun doute sur l'état déplorable du malade. A l'ouest, entre les -côtes espagnoles et la mer Tyrrhénienne, 96 % des stocks sont -surexploités. Les pêcheurs européens attrapent en moyenne six fois plus de merlu, de rouget, de merlan bleu ou de baudroie qu'il ne faudrait pour que ces espèces puissent avoir une chance de se reproduire et de se maintenir durablement. A l'est, autour de la Crète et de Chypre, ce sont 91 % des populations de poissons qui sont pressurées au-delà du raisonnable. Le pire étant les zones centrales, où se retrouvent les bateaux de pêche de tous les pays riverains.
Même si les données manquent pour évaluer de nombreux stocks de poissons, les quelques chiffres connus sont suffisamment alarmants pour susciter un sursaut de dernière heure. Les mardi  9 et mercredi 10  février s'est tenu à Catane, en Sicile, un important séminaire sur l'épuisement des ressources en Méditerranée. Organisé par la Commission, il a réuni des scientifiques, des représentants des huit gouvernements européens riverains et des ONG très mobilisées sur le sujet.
Point de non-retourDepuis 2015, le commissaire européen à l'environnement, aux -affaires maritimes et à la pêche, le Maltais Karmenu Vella, alerte sur la situation de la Méditerranée, qu'il juge " préoccupante ". Bruxelles propose notamment de mettre en place deux premiers plans pluriannuels de gestion à l'ouest et dans l'Adriatique.
Ces dernières années, l'Europe, occupée à faire aboutir sa réforme des règles communes de la pêche, a renvoyé à plus tard la question de cette mer à la biodiversité vulnérable. Pourtant, l'objectif affiché de cette politique est d'en finir avec la surpêche, autrement dit de ne plus dépasser le point de non-retour de régénération de chaque espèce, appelé " rendement maximum durable " (RMD), et ce dans toutes les eaux européennes au plus tard en  2020.
Alors que plusieurs populations de poissons donnent des signes de redressement dans l'Atlantique, la dégradation s'accélère au sud. -Selon la Commission, à peine 4 % des stocks pêchés par les navires européens en Méditerranée s'approcheraient du fameux RMD.Le cas du thon rouge est trompeur : s'il se porte mieux, c'est que sa capture est contingentée par des accords internationaux âprement discutés. Or, à la différence de l'Atlantique, la Méditerranée n'est pas soumise à des quotas par espèce.
En épluchant les relevés du -Comité scientifique, technique et économique pour les pêches qui fournit la Commission en statistiques, la coalition d'ONG et de consultants spécialisés, MedReAct, a ainsi repéré quelques cas accablants. Dans l'Adriatique, on a -pêché cinq fois trop de merlus en  2012 par rapport au RMD, deux fois trop de sardines et d'anchois en  2013. Les records dans les eaux du nord de l'Espagne et du golfe du Lion surpassent tout : on y attrape presque dix fois trop de merlus et de merlans bleus ! Résultat : les tonnages de capture débarqués déclinent depuis les années 1990 et le nombre de bateaux diminue.
" Nous avons réduit le nombre de chalutiers de 25 % en cinq ans, limité à 200 le nombre de jours de pêche par an et établi des zones restreintes pour favoriser la reproduction, précise le directeur des pêches maritimes et de l'aquaculture françaises, Frédéric Gueudar-Delahaye. Nous avons besoin de définir avec les scientifiques les mesures les plus efficaces, afin de ne pas avoir un effet drastique sur un secteur qui représente plusieurs centaines d'emplois. "
M. V.
© Le Monde