Des sardines plus petites dans le golfe de Gascogne


Les populations de poissons sont variées et en quantité importante, a constaté l’Ifremer lors de la mission Pegas.
Mais certaines espèces, les sardines notamment, souffrent du dérèglement climatique.

À bord du Thalassa, un navire océanographique de 42 mètres de long en mission dans le golfe de Gascogne, une vingtaine de scientifiques de l’Ifremer écoutent les fonds marins. Une carte sous-marine en trois dimensions est créée en temps réel. Chaque carré bleu est un banc de poissons et bonne nouvelle, il y en a beaucoup. "On les observe le jour uniquement sous forme de bancs. Il n’y a pas de poissons isolés à droite à gauche", explique Matthieu Roray, chef de mission Pelgas. 

Les scientifiques veulent maintenant les observer de plus près. Pour cela, un filet est immergé à 95 mètres de profondeur. La pêche dure 20 minutes. 500 kilos de poissons sont ainsi capturés. C’est deux à six fois moins qu’un chalutier de pêche classique. Cet échantillon se révèle indispensable pour établir une carte d’identité des poissons le long de nos côtes. Ils passent ensuite dans les mains expertes d’une dizaine de techniciens de l’Ifremer, qui les trient un à un. 

Premier constat dans les bacs : de nombreuses espèces différentes et en quantité importante. "On n’a pas prélevé beaucoup et c’est très diversifié, c’est très bien. Il n’y a pas de soucis. C’est rassurant", affirme Hervé Barone, un technicien. Parmi tous ces poissons, les scientifiques se concentrent sur les sardines et les anchois, essentiels dans la chaîne alimentaire. Les deux espèces sont pesées puis mesurées. 

Des sardines plus petites

En 20 ans, les sardines sont passées de 20 centimètres à treize centimètres et font maintenant quinze grammes. Les scientifiques déterminent ensuite leur âge en prélevant un petit os dans l’oreille interne. Et sur ce point, les résultats sont inquiétants. En grande majorité, les sardines prélevées ont un an. "On a quasiment 85% d’âge un en sardines et donc on voit que la population est beaucoup plus fragilisée. S’il y a une reproduction qui ne se passe pas bien, ça peut mettre le stock directement en difficulté", explique Erwan Duhamel, chef de mission de la campagne Pelgas. 

Alors pourquoi les sardines de plus de deux ans ont-elles presque disparu du golfe de Gascogne ? L’explication se trouve peut-être dans l’eau. Ce que l’on ne voit pas à l’œil nu devient visible au microscope. "Le zooplancton va servir de nourriture aux espèces qui nous concernent, c’est-à-dire les anchois et les sardines", déclare Liliane Carpentier, technicienne hydrologue et plancton,.

La quantité de cette nourriture a-t-elle diminué ? Les scientifiques s’interrogent encore et plusieurs autres facteurs sont à l’étude : l’impact du dérèglement climatique, l’acidité et la salinité de l’eau ou encore la migration des poissons. La mission Pelgas dure un mois. Les résultats seront transmis aux instances européennes afin d’instaurer des quotas de pêche pays par pays.

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